Les dangers du complexe militaro-industriel
La crise qui a débuté en 2007 n’est toujours pas résolue. Près de 1 5000 milliards de dollars de dettes doivent encore être soit remboursés soit annulés. Beaucoup de mauvaises nouvelles restent à venir !
Les pays développés font face à une crise. Il ne s’agit pas de la crise que relatent les journaux. C’est plus grave que cela. Le modèle de ces pays — mis au point par le premier chancelier de l’Allemagne, Otto von Bismarck — ne fonctionne plus.
Au lendemain de
On ne peut pas endetter et hypothéquer l'avenir, génération après génération, et compter sur des générations plus flexibles et précaires pour continuer ainsi éternellement. Dans le monde développé du moins, les taux de croissance de l’économie sont aujourd’hui trop faibles. Les générations futures sont trop peu nombreuses.
Commentateurs, économistes et autres observateurs avisés glosent pour savoir lequel de l’austérité ou du stimulus est le moyen le plus adéquat pour la “reprise”. Cette discussion est une supercherie. Aucune des deux solutions ne fonctionnera. . Lorsque la dette est douteuse, elle est douteuse. Impossible à rembourser. Pourrie. Sans valeur.
La seule chose valable à faire est de passer aux aveux… admettre qu’on s’est trompé… tout annuler… et se remettre au travail.
Par ailleurs, ce qui s’appelait alors le tiers-monde était maintenu sous une domination coloniale ou post-coloniale qui permettait d’en exploiter les matières premières.
Tout cela a changé depuis la crise des années 1970 et la restructuration du capitalisme qu’elle a provoquée. Les délocalisations d’industries et de services ont alors permis de baisser le coût du travail au niveau mondial. La consommation a été soutenue par le développement du crédit, qu’il s’agisse de dépense publique (et de dette publique) ou privée. Mais ce système est lui-même à bout de souffle, comme le montre la crise qui a commencé en 2007. Le krach de 2008 n’a pu être rattrapé qu’au moyen d’une expansion massive de l’endettement étatique. Le montant de cette dette, désormais impossible à rembourser, est l’expression concrète de cette impasse. La crise de la dette publique en Europe et les perspectives de défaut de
Celle-ci frappe actuellement les États sous la forme d’une crise budgétaire et de divers programmes d’austérité. Partout en Europe, on nous explique que nous vivons au-dessus de nos moyens, qu’il va falloir travailler plus et se serrer la ceinture. Face à cette situation beaucoup se retournent vers l’État comme ce qui permettrait d’imposer des limites aux « dérèglements du marché ».
En fait, il n’y a pas de contradiction fondamentale entre le fait de dire qu’il y a bien approfondissement de la crise ces dernières années et que le capitalisme est d’une certaine façon une crise permanente : la crise peut être analysée à la fois comme un mode de fonctionnement ordinaire du capitalisme et comme une remise en cause potentielle de sa propre existence. Le capitalisme est ce jeu qui inclut sa contradiction dans sa propre règle, et qui donc pourrait tendre à son abolition, mais la réalité c’est que c’est à la lutte des classes, c’est à nous de le faire.
Par conséquent, lorsqu’en 2008 la crise de la dette a frappé, les débiteurs puissants — comme ceux de Wall Street — voulaient que les banques centrales les renflouent. Ces renflouements… subventions… cautions… et l’impression de monnaie dans le cadre d’un assouplissement quantitatif continuent. Le dernier en date est un programme “de relance” de 66 milliards de dollars annoncé par le Brésil ! Bonne chance.
▪ Voulez-vous connaître le plus grand programme de relance de tous les temps ?
La Seconde Guerre mondiale. Il est largement reconnu que la guerre a sorti l’économie américaine de la Grande Dépression.
Oui, la Seconde Guerre mondiale était un plan de relance classique. Des milliers de milliards de dollars ont été dépensés. Des milliers de milliards de dollars ont été perdus. Et à la fin, le monde était appauvri.
Mais peu importait. La croissance — des années 1950 jusqu’aux années 1970 — a réduit le poids de la dette et la douleur des pertes. Les pays développés étaient à nouveau riches !
▪ Le train Acela est parti à l’heure de la Penn Station à New York. Il est entré dans le tunnel pour traverser l’Hudson vers Il y avait aussi des zones de maisons ouvrières très modestes… non pas abandonnées, mais encore occupées. Ou bien quelqu’un se donnait beaucoup de mal pour nous duper : il y avait des automobiles modernes devant les maisons. Et des parkings pleins à côté des anciens hangars.
Le train est entré dans Trenton… Les autorités de la ville avaient-elles finalement abandonné le panneau publicitaire qui accueille les visiteurs depuis la Grande Dépression ? Ou bien était-il toujours là, annonçant un monde mort il y a un demi-siècle ?
Il y a 50 ans, Trenton était une ville manufacturière de la classe moyenne. A présent, c’est une ville est sinistrée ( ville située dans le le New Jersey. usines abandonnées, des hangars en ruine et ce qui semblait être des champs entiers de reliques industrielles… avec des montagnes d’acier rouillé et tordu… .) . Bon nombre des habitants de Trenton — comme de tant de villes américaines — sont passés de la classe moyenne à la pauvreté et à la dépendance aux allocations gouvernementales quand ils peuvent la toucher . La devise de la ville proclame-t-elle toujours fièrement — et trompeusement — que “Trenton fabrique, le monde prend” ? Nous avons vérifié sur Google. Apparemment, le pont de Warren Street, construit en 1935, porte toujours la fameuse inscription. Trenton n’est pas au courant de la nouvelle
▪ Que s’est-il passé ?
Les autorités ont sapé l’économie de classe moyenne des Etats-Unis avec de l’argent facile. Dans les faits, elles ont distribué du crédit et de l’argent gratuit. Les consommateurs l’ont utilisé — pour acheter des choses. Quand on peut acheter sans rien produire, pourquoi se donner de la peine ?
Trenton a arrêté de fabriquer des choses dans les années 80 et 90. Les habitants du New Jersey se sont mis à acheter ce dont ils avaient besoin en Chine. Et en Arabie Saoudite. A crédit.
Et maintenant — ô surprise — la classe moyenne de Trenton lutte. Il est difficile de trouver un bon emploi. Les prix de l’immobilier sont au plus bas. Et en termes réels, un investissement boursier de 1 000 $ il y a 10 ans vaut aujourd’hui 884 $.
Mais les choses ne vont-elles pas en s’améliorant ? Peut-être. Sauf qu’au dernier trimestre 2012, le PIB américain a en fait chuté de 0,1%. Pourquoi ? Parce que le Pentagone a réduit ses dépenses de 40 milliards de dollars. Le New York Times nous en dit plus :
“L’économie américaine a connu un recul surprise au dernier trimestre 2012, se contractant de 0,1%, selon ce qu’a annoncé mercredi le département du Commerce US — c’est sa pire performance depuis les suites de la crise financière en 2009″.
“[...] La baisse de 22,2% des dépenses militaires — la plus importante baisse trimestrielle depuis plus de quatre décennies — ainsi que la chute des stocks et des exportations ont étouffé des indicateurs plus positifs dans le secteur privé”.
une photo de Nanou Ferrier.
Le renouveau industriel des Etats-Unis n’est pas dû au fait que l’on fabrique de vraies choses pour de vrais acheteurs. 40% de l’industrie américaine va à la défense. Enlevez cela, et l’économie est dans le pétrin.

La renaissance des tensions actuelles fait dire que le complexe militaro-industriel est derrière tout ça :
"[...] Eisenhower comprenait les choses différemment", . "Il voyait de quelle manière des forces internes puissantes poussent une machine militaire à devenir un empire... et à faire la guerre. Un 'éducateur' essaiera de se donner de l'importance en insistant pour plus d'éducation. Un boucher voudra plus de viande au menu. Et un homme ayant un pistolet en main déclarera -- avec un sérieux parfait et une sincérité solennelle -- qu'il faut tuer quelqu'un en Syrie pour protéger notre virilité !"
Peut-être faut-il s'y résoudre ; peut-être que les êtres humains ne savent pas vivre sans conflit. Peut-être faudra-t-il encore quelques siècles pour y arriver... en espérant que la planète soit encore là à ce moment-là.
Le Pouvoir sans visage. Le complexe militaro-industriel : Sur le terreau de la guerre froide, de la course aux armements, des conflits régionaux et de l'indépendance nationale, s'est implantée puis développée une formidable coalition solidaire entre la haute hiérarchie militaire, les grands industriels producteurs et exportateurs d'armes et la bureaucratie de l'appareil d'Etat. Vivant en osmose, quasi secrète, anonyme et toute-puissante, entretenant ses propres réseaux de relations internationales, elle impose ses programmes, aux coûts de milliards euros à un pouvoir politique n'ayant ni les moyens ni la volonté d'exprimer cette souveraineté nationale qui, selon la Constitution, appartient au peuple.
Trente ans après le président Eisenhower dénonçant la menace que fait peser sur la démocratie le pouvoir acquis par l'énorme complexe militaro-industriel, de ce côté-ci de l'Atlantique, un ancien chef des services secrets,
Alors pourquoi le font-ils ? Les faucons, les colombes, la stratégie géopolitique, la sécurité nationale — rien de tout ça n’a de rapport avec la question. . La véritable raison pour laquelle les Etats-Unis dépensent autant et se lancent dans tant de guerres, c’est comme avait écrit avec Addison Wiggin un livre intitulé L’Empire des dettes. Nous expliquions ce phénomène comme étant inévitable pour les grandes puissances. Dès qu’elles peuvent se faire obéir des autres, elles aspirent à l’empire, disions-nous.
▪ L’industrie militaire américaine ne s’arrête plus
Nous reparlons de cela uniquement parce que les dépenses du Pentagone sont à nouveau sur le devant de la scène. Paul Ryan ( wikipédia ) a été désigné comme l’homme numéro deux des Républicains. Ces derniers fondent de grands espoirs sur lui. Leur numéro un est un raté. Personne ne semble l’apprécier. Cela n’est guère surprenant. Il semble creux — prêt à dire tout et son contraire pour arriver à la Maison Blanche.
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